La décision du Royaume d’Espagne de créer une voie ferrée au milieu des Pyrénées date du XIXème siècle, en plein essor européen du secteur industriel et de la création des réseaux ferroviaires. Elle s’est jouée sur un contexte politico-historique particulier, qui continue aujourd’hui encore d’influer indirectement sur la diplomatie franco-espagnole. C’est à la demande de l’Espagne, qu’une commission mixte est créée en 1865 pour sillonner les Pyrénées et décider du bon passage pour désenclaver la péninsule et se connecter aux trains européens. Il faut noter que la ligne Bayonne-Irun, qui évite le relief pyrénéen, est déjà en fonctionnement depuis 1864, ce qui aura pour conséquence de fermer le centre de douanes d’Oloron et de mettre un coup de frein à l’activité des négociants arago-béarnais, déjà fervents défenseurs d’une voie Oloron-Saragosse. Il existait au départ douze projets transpyrénéens, dont trois étudiés pour la partie ouest : Baigorry-Pampelune, Mauléon-Roncal et Bedous -Jaca. C’est la ligne Mauléon-Roncal qui avait la faveur de la commission et du gouvernement français. Reprenant l’étude de l’ingénieur toulousain Decomble, elle était considérée comme la plus directe, la plus facile à réaliser techniquement (avec des pentes moins raides qu’en vallée d’Aspe) et donc par finalité, la moins chère à réaliser. Avec une ligne au départ de Mauléon, qui sera connectée à Puyoo en 1887, qui passerait par le col de Larrau, ou celui d’Urdaïte, en haut des gorges de Kakueta, pour transiter à Roncal puis arriver à destination de Castejon de Ebro, dans le sud de la Navarre. Mais, comme l’économie ne va vas pas sans la politique, ce sont les guerres carlistes qui vont influer indirectement sur la localisation du futur trajet. En effet, le fait que la Navarre soit toute acquise au Carlisme, au contraire de sa voisine aragonaise qui reste fidèle au roi Alphonse, va faire définitivement pencher le projet en faveur de la ligne Pau-Canfranc. Même si au Conseil Général des Basses-Pyrénées, les divisions sont nombreuses, le député aspois Félix Larricq remportera d’une voix le vote en faveur de la ligne Pau Canfranc, appelée également transpyrénéen occidental. Après bien des incertitudes, c’est en 1904, que le roi d’Espagne et le président de la République Française, signent la convention officialisant le début des travaux. Il faudra attendre presque dix ans de travaux colossaux pour que les vingt-cinq kilomètres de lignes entre Bedous et Canfranc voient le jour. Quatre ans pour percer le tunnel avec la jonction sous le Somport en 1912. Malgré la Première Guerre Mondiale, les travaux d’infrastructures continuent et c’est en 1928 que la gare internationale de Canfranc est inaugurée par le général Primo de Rivera, le roi Alphonse XIII, le président Gaston Doumergue et le sénateur Louis Barthou.